À l'aube des civilisations, l'essor des échanges et du commerce ainsi que la conquête de vastes territoires par des États centralisateurs se trouvent confrontés à la nécessité de transmettre au loin des ordres et de recevoir des nouvelles importantes.
Aussi retrouve-t-on très tôt, comme en Égypte ou en Chine la trace d'une organisation de transport d'informations.
Ce sont d'abord les messagers parcourant à pied des routes incertaines au service de leurs souverains ; puis dans le sillage des armées conquérantes, les itinéraires se font plus sûrs, jalonnés de relais où le messager trouve gîte et monture fraîche.
Grands explorateurs des mers, les Phéniciens, dès 3 000 av. J.-C., privilégient la voie maritime pour étendre leurs échanges dans tout le bassin méditerranéen. Tout comme plus tard, les Grecs, bien que l'exploit du coureur de Marathon prouve que les liaisons terrestres ne sont pas pour autant négligées. Ne montrent-ils pas non plus l'importance qu'ils attachent à la fonction de messager en honorant Hermès le messager des dieux ?
Après Cyrus le Grand qui, vers 550 av. J.-C., fait édifier 111 relais sur un itinéraire de 2 500 km reliant la Méditerranée au Golfe Persique, les Romains mettent en place au fur et à mesure de l'expansion de leur Empire, une véritable structure administrative : le Cursus Publicus où les routes militaires sont dotées à distances fixes de « posita statio » (terme repris en Posta par les Italiens au XIIIe siècle et à l'origine du mot Poste actuel) : fournisseurs de chevaux frais et lieux d'étapes à l'intention des voyageurs officiels, ces relais sont appelés mutationes installés tous les 12 km, et mansiones qui elles, sont éloignées de 50 km environ.
Les messagers peuvent ainsi parcourir par jour jusqu'à 40 km à pied, 100 km à cheval ou en char léger, transportant les lettres en rouleaux ou formées de deux tablettes de bois dont un côté enduit de cire permet l'écriture à l'aide d'un stylet en métal. En cours de route, ils procèdent à des échanges entre eux, ce qui accroît l'efficacité du système dont l'usage est cependant encore réservé aux besoins du pouvoir public.
La disparition de l'Empire romain laisse le monde occidental sans moyen de transport officiel. Malgré une tentative éphémère de Charlemagne de maintenir des liaisons avec l'Italie, l'Espagne et la Germanie, il faut attendre le XIIe siècle pour retrouver trace de messageries organisées.
Elles sont constituées essentiellement pour les besoins des grandes communautés.
Les ordres religieux, les universités, les marchands, développent pour leurs échanges des réseaux de messagers pour relier monastères et comptoirs, villes et diocèses. La rotula de Saint Vital, parchemin de 9,50 m annoté successivement par toutes les abbayes visitées par un messager est un exemple particulier des échanges entre monastères.
Ces messageries privées fonctionnent ainsi jusqu'au XVIe siècle, s'étoffant et étendant leurs prestations à mesure de la croissance des échanges, certaines s'ouvrant à d'autres corporations et en tirant quelques bénéfices.
Le souverain, pour les besoins de sa politique, emploie également des « chevaucheurs » appointés.
En fait, c'est Louis XI qui est considéré comme le créateur de la Poste aux chevaux en organisant, vers 1480, des relais distants de sept lieues. Ainsi, de Plessis-Lez-Tours, le roi peut envoyer et recevoir des messagers assurés de trouver sur les routes de Bourgogne, de Bretagne ou de Provence, les chevaux nécessaires à leur mission. La même époque voit la création d'organisations similaires en Espagne et en Angleterre.
En 1507, le roi Louis XII autorise les responsables des relais appelés maîtres de Poste à louer des montures aux particuliers ; en 1525, les « Messagers Royaux » (à ne pas confondre avec la « Poste Royale ») reçoivent le privilège du transport des pièces de procédures.
À la fin du XVIe siècle, Henri IV réglemente les fonctions d'une Poste aux lettres en essayant d'en faire un moyen de concurrencer les divers réseaux de messageries privées qui se partagent le marché de plus en plus rémunérateur du transport des courriers.
Ainsi, l'édit de 1603 prévoit que les courriers du roi pourront acheminer la correspondance privée.
Dans le même temps, suite à la fusion des offices de « Général des relais » et du Contrôle général des Postes, l'organisation et le contrôle de la Poste aux chevaux et de la Poste aux lettres sont placés sous une même autorité. Le premier contrôleur général est Fouquet de la Varenne.
Son successeur, Pierre d'Almeras, sous Louis XIII et Richelieu, met en vigueur un tarif unifié et impose une périodicité régulière dans le départ des courriers.
De cette époque date l'ouverture de bureaux destinés à recevoir, trier, remettre lettres et paquets et à en percevoir la taxe à l'arrivée. Si Paris et Bordeaux sont ouverts vers 1603, 91 villes en sont dotées en 1668, année où Louvois est chargé de la Surintendance générale des Postes. Celui-ci, en plus d'une série de conventions passées avec les États voisins et destinées à permettre le traitement du trafic international, a surtout attaché son nom à la création de la Ferme générale des Postes, système qui concède au Fermier, moyennant un bail de cinq ans, l'exploitation du service postal avec les bénéfices et les privilèges qui lui sont attachés.
Les Fermiers qui payent fort cher leur accès à ces baux, cherchent donc à éliminer la concurrence des messageries privées qui subsistent et à augmenter leur propre trafic. Ceci va entraîner durant le siècle suivant une expansion constante des relations entre villes, du nombre des bureaux (ils sont 770 en 1703 et 1323 en 1791) et la création de services de distribution privés dans les grandes villes, appelés Petite Poste.
Sous Choiseul, Surintendant général des postes de 1760 à 1770, apparaissent les premières malles-poste appelées « brouettes ».
S'inspirant d'une expérience tentée un siècle plus tôt, Piarron de Chamousset, conseiller à la Chambre des comptes, propose, en 1758, de faire distribuer et recueillir la correspondance à Paris par neuf bureaux de quartiers reliés à un bureau central. Cent dix-sept facteurs sont ainsi recrutés pour assurer, plusieurs fois par jour, la distribution à domicile et la levée de boîtes aux lettres.
Cette initiative qui connaît le succès est bientôt imitée dans d'autres villes, tant en France qu'à l'étranger. En 1780, les Petites Postes sont rachetées par l'État et rattachées à la Grande Poste. En 1786 un arrêt du conseil étend le bénéfice de la Petite Poste aux villes qui en sont dépourvues.
Malgré ces progrès et un trafic qui, à la veille de la Révolution, atteint trente millions d'objets transportés , du fait de l'analphabétisation, la Poste reste encore réservée à une élite sociale et urbaine. Elle est l'objet de critiques dues à l'existence du « cabinet noir » par lequel l'État en faisant ouvrir clandestinement certaines lettres, essaie de s'informer de l'état de l'opinion et de connaître sur le plan international des informations qui complètent celles que lui fournissent ses ambassadeurs.
Les
cahiers de doléances présentés lors de la réunion des États généraux en 1789 se firont l'écho de la réprobation qu'engendrait cette méthode.
À l'instigation de l'Assemblée constituante puis de la Convention, une série de réformes donne à la Poste un statut d'Administration dont les agents sont recrutés et nommés par l'État :
• Les maîtres de Poste perdent leurs privilèges (exemption d'impôts) dans la nuit du 4 août 1789 mais obtiennent des indemnités compensatrices ;
• La loi du 29 août 1790 crée une Administration générale des Postes aux lettres, Postes aux chevaux et Messageries ;
• De nouvelles liaisons entre villes de province sont ouvertes, les tarifs sont réaménagés sur le principe d'une taxe proportionnelle à la distance ;
• Le principe de l'inviolabilité des correspondances est affirmé ;
• La première Instruction générale sur le service des Postes paraît en 1792 ;
• Le 1er mai 1793, la Ferme des Postes est supprimée est remplacée par une régie qui assure la gestion commune de la Poste et des Messageries.
À part un bref retour au système de la Ferme sous le Directoire, cette organisation subsiste jusqu'à la fin du Consulat qui précise les bases du monopole postal et qui crée le grade de directeur général des Postes placé sous la dépendance du ministre des Finances car la Poste continue à être considérée comme une source de revenus pour l'État, l'amélioration de sa gestion ayant le plus souvent pour but de maintenir ou d'augmenter son rendement fiscal.
Cependant, à la fin du premier Empire, l'administration postale française présente des structures rénovées et une bonne organisation de ses acheminements (c'est l'âge d'or des malles-poste).
Les bureaux sont au nombre de 1630, desservis par plus de 3 600 agents.